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One Forest Summit : Au Gabon, les enjeux environnementaux ne peuvent pas dissoudre les exigences démocratiques et sociales

C’est lors de la 27ème COP (Conférence des Parties) qui s’est tenue à Sharm El-Sheikh en Égypte, du 7 au 18 novembre 2022 qu’Emmanuel Macron et Ali Bongo ont annoncé le lancement du One Forest Summit dont la première édition, organisée conjointement par la France et le Gabon, se tiendra à Libreville du 1er au 2 mars 2023.

L’opportunité de la tenue de cette rencontre pose à la fois des interrogations, des interprétations et même des suspicions. En effet, au regard de l’agenda des différentes rencontres internationales, on peut noter que la 15ème COP sur la biodiversité s’est tenue à Montréal du 7 au 19 décembre 2022 et naturellement, la gestion et la protection des forêts figuraient en bonne place au menu des échanges. Aussi, est-il prévu en juin 2023 à Brazzaville, sous l’égide de la Commission climat du Bassin du Congo, un sommet de l’ONU sur la décennie mondiale de l’afforestation.

A l’évidence, la rencontre de Libreville qui se tiendra dans un intervalle de trois mois entre les deux événements précités porte, dans un contexte d’élection en 2023, un relent d’ingérence d’adoubement et Françafricain au profit du régime au pouvoir au Gabon.

Il convient de rappeler que le Gabon est le 5ème producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, le 2ème producteur africain de bois, le 3ème  producteur mondial de manganèse[1] et qu’il est classé parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.

La qualité de vie des Gabonais n’a jamais été en corrélation avec le niveau de richesse de leur pays. En 2006 et 2009, l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui agrège des données en matière de santé, d’éducation et de niveau de revenu par habitant, classait le Gabon respectivement 124ème [2] et 103ème [3]  . Le pays avait progressé en améliorant son classement de 21 places en quatre ans. Mais depuis 2009, le pays a connu un déclassement, perdant 12 places en dix ans, puisqu’en 2019, il était classé 115ème [4]. Il est donc parti de la 103ème  place en 2009, sans aucun mérite au regard ses ressources et de son PIB par habitants, pour un recul à la 115ème  place en 2019.

Le régime au pouvoir au Gabon se distingue par le pillage des ressources du pays et conséquemment par l’appauvrissement de ses populations. Ceux qui tiennent le pouvoir au Gabon sont cités dans de nombreux scandales financiers internationaux, notamment dans l’affaire des biens mal acquis en France.  Sur le plan des libertés, des droits civiques et de la bonne gouvernance, les violations des droits humains, les atteintes à l’État de droit et la corruption sont les principaux leviers d’action de ce régime. Le pays compte de nombreux prisonniers d’opinion et des prisonniers pour règlement de comptes dont certains ont la nationalité française.

La fraude et la répression lors de l’élection présidentielle de 2016 ont été largement documentés par les différents observateurs, notamment par la Mission d’Observation de l’Union Européenne dont les membres ont, par ailleurs, été malmenés par ce régime.

Sans réponse aux aspirations des Gabonais, Ali Bongo, fidèle à sa posture démagogique, a décidé de faire de la protection de l’environnement son nouveau leurre pour tenter de se donner une bonne image aux yeux de la Communauté internationale.

S’agissant des forêts gabonaises, loin du discours de façade, la déforestation et l’exploitation de mines clandestines avec la complicité des gouvernants privent les populations de ressources naturelles indispensables, telles que les terres cultivables, l’eau potable, les plantes médicinales, dans un pays qui n’a toujours pas atteint l’autosuffisance alimentaire, où les systèmes de santé et d’adduction d’eau sont on ne peut plus obsolètes pour ne pas dire inexistants.

La déforestation et les mines clandestines ont aussi un impact désastreux sur l’habitat naturel des éléphants qui se rapprochent donc de plus en plus des villages occasionnant ainsi un conflit homme-faune, dont les victimes humaines sont simplement ignorées par le régime au pouvoir au Gabon.

Protéger l’environnement ne peut se faire au détriment de la liberté et du bien-être des peuples. Assurément, le One Forest Summit de Libreville sera l’acte premier de la protection de l’environnement contre les peuples et la France et le Gabon seront les fers de lance de cette ignominie.

Résolument, la protection de la planète trouve son sens premier dans la protection de l’humanité, on ne peut donc pas opposer la protection de l’environnement à la protection et au bien-être de l’humain, ils sont indissociables, l’un étant constitutif de l’autre.

Au demeurant, les principaux acteurs de la protection de la planète ce sont les populations. Or, le régime d’Ali Bongo au pouvoir au Gabon, semble promouvoir l’idée d’une protection de l’environnement débarrassée des populations.

La prochaine élection présidentielle au Gabon est prévue en août 2023. La démocratie ne rend pas visite à la dictature, qui plus est en période électorale, cela s’apparente à un adoubement quel qu’en soit le prétexte surtout dans le contexte africain.

Le peuple Gabonais a atteint son seuil de tolérance. Il n’accepte plus la confiscation de ses droits à l’alternance politique et la privation des conditions de vie décentes. Les Gabonais exigent la prise en compte de leurs aspirations dans un environnement harmonieux et favorable à un développement durable. Mais, ces exigences qui sont au cœur de la préservation de la planète ne trouvent aucun écho auprès du pouvoir au Gabon.

En France, au Gabon et partout ailleurs dans le monde, jamais la démocratie ne doit s’accommoder de l’autocratie pas même au nom de la protection l’environnement.

Article publié dans Libération

Références :

[1] https://lelementarium.fr/element-fiche/manganese/#:~:text=47%20%25%20d’Afrique%20du%20Sud,8%20%25%20du%20Ghana.

[2] https://hdr.undp.org/system/files/documents/rapport-sur-le-developpement-humain-2006-francais.rapport-sur-le-developpement-humain-2006-francais

[3] https://hdr.undp.org/system/files/documents/rapport-sur-le-developpement-humain-2009-francais.rapport-sur-le-developpement-humain-2009-francais

[4] https://hdr.undp.org/system/files/documents/hdr2019frpdf_1.pdf

L’eau potable aussi indispensable qu’inaccessible

Femme politique, enseignante, chercheuse, conférencière, auteure de «Gabon, pourquoi j’accuse…» aux éditions L’Harmattan, Laurence Ndong partage, ici, son analyse sur le rôle de l’eau comme levier de développement. Pointant « les manquements de l’Etat dans la mise à disposition des services essentiels au bien-être des populations », elle rappelle que « Parmi les besoins primaires, l’accès à l’eau potable est vital et il l’est davantage en ces temps de crise sanitaire ».

Lire la suite ici (www.gabonreview.com)

Covid-19 au Gabon : le Plan national de vaccination ou la foire aux cobayes ?

Il y a quelques jours, les autorités sanitaires gabonaises ont présenté le Plan national de vaccination contre la Covid-19. Ce plan qui parait, à plusieurs égards, irréaliste, comporte de nombreuses zones d’ombres qui entretiennent le doute et inquiètent les Gabonais. En effet, notre pays a reçu, il y a deux semaines, 100 000 doses de vaccin offertes par le Gouvernement chinois, mais à ce jour, les Gabonais n’ont aucune information précise sur la procédure de validation de ce vaccin par les autorités sanitaires internationales.

Le millefeuille vaccinal et sa part d’ombre

La Chine, qui est le principal donateur du Gabon dans le cadre de son Plan national de vaccination, produit actuellement trois vaccins : CoronoVac du laboratoire Sinovac et les deux Sinopharm du laboratoire du même nom, notamment, le Pékin produit par le Beijing Institute of Biological Products (BIBP) et le Wuhan mis au point par le Wuhan Institute of Biological Products (WIBP). Aucun de ces trois vaccins n’a achevé la phase 3  des tests de validation. Or, il s’avère que leur mise sur le marché a déjà été autorisée. Cela pose un véritable problème, compte tenu des risques potentiels de santé publique.

Dans ce contexte, les autorités gabonaises, qui sont généralement très peu soucieuses du bien-être des populations, doivent veiller à ce que les Gabonais ne soient pas transformés en cobayes pour la finalisation de la phase 3 des vaccins chinois.

Au regard des études réalisées sur les vaccins produits en Chine, on peut constater que le CoronoVac, produit par le laboratoire Sinovac, est l’un des vaccins chinois les plus avancés à ce stade. Selon une étude publiée mardi 17 novembre 2020 dans la prestigieuse revue The Lancet, ce vaccin “est sûr et déclenche bien une réponse immunitaire chez les patients en bonne santé”. Ces résultats portent sur les essais cliniques des phases 1 et 2, réalisés en Chine sur environ 700 personnes âgés de 18 à 59 ans en bonne santé. Selon le protocole de ces tests, deux doses ont été injectées aux participants, à 14 jours d’intervalle, et les chercheurs ont remarqué une réponse immunitaire “robuste” au bout de 28 jours. D’après le laboratoire Sinovac, les tests à grande échelle au Brésil ont montré un taux d’efficacité globale du vaccin d’environ 50 % pour empêcher l’infection, et de 80 % pour éviter les cas nécessitant une intervention médicale. « Les résultats montrent que le vaccin est sûr et présente un effet immunogène sur les personnes de toutes les tranches d’âge », a assuré le laboratoire.

Plusieurs questions restent néanmoins en suspens : la réponse immunitaire du vaccin du laboratoire Sinovac est-elle suffisante pour protéger contre le Sars-CoV-2 ? A ce stade des essais cliniques, nul ne peut l’affirmer. Dans tous les cas, aux dires, des autorités gabonaises, les dons reçus par notre pays sont constitués des vaccins du laboratoire Sinopharm, dont les études cliniques, de l’un des deux produits par ce dernier, sont les moins avancés. Le laboratoire Sinopharm ayant mis au point deux vaccins, les Gabonais sont en droit de savoir lequel des deux est administré dans le cadre de l’actuelle campagne de vaccination. D’autant qu’en décembre 2020, les États-Unis ont accordé l’autorisation d’essai clinique au vaccin produit à Pékin, mais celle-ci a été refusée à celui de Wuhan. Tout cela est très confus et il y a de quoi être perplexe.

Dans l’hypothèse où le Gabon aurait reçu le vaccin Sinopharm de Pékin, on peut noter que dans un communiqué datant du 2 janvier 2021, le laboratoire Sinopharm avait assuré que son taux d’efficacité était de 79,43%. Cette information a été rendue publique après sa mise sur le marché, “sous conditions”, le 31 décembre 2020, alors même que les essais cliniques n’étaient pas terminés, ce qui est encore le cas, à ce jour. Sous réserve des résultats des essais cliniques de la phase 3, il n’y a aucune publication scientifique internationale qui valide l’efficacité des deux vaccins Sinopharm. En conséquence,  il n’y a donc pas de données définitives sur ces vaccins.

Le jeu de dupe au détriment de la santé et des vies des Gabonais

Il est de la responsabilité de l’Etat de protéger chaque citoyen et au regard de la situation des vaccins Sinopharm, le principe de précaution commande de suspendre la campagne nationale de vaccination, en attendant des éléments scientifiques rassurants. Or, les autorités gabonaises incitent plutôt les populations à se faire vacciner, non sans exercer un chantage indécent : ” vous voulez revivre et sortir du couvre-feu, acceptez d’être des cobayes”. Du reste, de l’avis des experts sanitaires, la population africaine est singulièrement résistante au Sarscov-2 et cela a permis d’éviter l’hécatombe prédite à l’Afrique face à la Covid-19. Au demeurant, si on injecte aux populations des agents faibles de la Covid-19 sous forme de vaccins, mais sans réelle efficacité, on peut augmenter le risque de créer des variants du virus plus dangereux pour les africains et donc pour le reste du monde. L’empressement et l’entêtement des autorités gabonaises sur ce sujet inquiètent plus qu’ils ne rassurent.

La campagne de vaccination déployée au Gabon, qui est en réalité un essai clinique avec un échantillonnage grandeur nature, présente donc des risques pour les populations et pour le reste de la planète. En l’occurrence, ce qui se passe actuellement à Manaus au Brésil est très édifiant. D’ailleurs, à ce titre, de nombreux pays s’opposent catégoriquement à des expérimentations de vaccins sur leurs populations. Au sujet de la situation de la capitale de l’Amazonie, Manaus, dans le nord du Brésil, où un variant est désormais dominant, le président français Emmanuel Macron a déclaré, en parlant du vaccin Sinopharm, « qu’à moyen et long terme, il est presque sûr que si ce vaccin n’est pas approprié, il facilitera l’émergence de nouveaux variants ; il ne va absolument pas arranger la situation des pays l’ayant adopté ». Au-delà de toutes considérations géopolitiques, cette déclaration a de quoi faire réfléchir et inciter à la précaution.

Le Gabon compte environ deux millions d’habitants. Comment expliquer que pour une campagne de vaccination dans un contexte de pandémie, prétendument grave à l’échelle nationale et ayant motivé un état d’urgence avec des mesures de restrictions des libertés depuis un an, seules 100 000 doses de vaccins ont été reçues et sous forme de don ? Sachant que le protocole d’administration du vaccin reçu par le Gabon, prévoit l’injection de deux doses avec un intervalle de plusieurs jours, il s’agit donc de vacciner 50 000 personnes. Vraisemblablement, la campagne de vaccination au Gabon est comme dans le nord du Brésil, une étude clinique de la phase 3 du vaccin Sinopharm. On peut observer qu’aucune information n’est donnée sur les objectifs quantitatifs en dehors des 50.000 personnes ciblées pour  recevoir les 100 000 doses du vaccin Sinopharm. Le plan national de vaccination annoncé semble se limiter à l’utilisation des doses de vaccins déjà reçues pour les besoins des essais cliniques.

En outre, on peut supposer que comme pour tout essai clinique, une partie des doses administrées sont des placebos. Pour faire simple, le procédé consiste à injecter le placebo, qui est une solution sans effet sur l’organisme, à une partie des personnes et la solution vaccinale à l’autre groupe de personnes. Puis on attend quelques jours, selon les personnes infectées et les personnes non infectées dans chaque groupe, on évalue le taux d’efficacité d’un vaccin. Concernant le vaccin Sinopharm, pour assurer la mise en œuvre de ce processus au Gabon, les personnels des forces de défense et de sécurité, pour leur devoir de discipline, et les personnes fragiles avec des comorbidités qui nécessitent un suivi médical régulier, semblent être des cibles préférentielles soigneusement choisies. En l’occurrence, il est normal que les militaires soient vaccinés mais ils ne doivent en aucun cas, ni servir de cobayes, ni être prioritaires.

Au final, l’accord qui lie les autorités gabonaises et chinoises autour du vaccin, est davantage une démarche commerciale dont le laboratoire Sinopharm est le principal client. Dans cette transaction, le Gabon, comme le Brésil et bien d’autres pays, est l’un des fournisseurs d’échantillons humains « cobayes » nécessaires à la validation de la phase 3 des études cliniques du vaccin Sinopharm. Bien malin qui devinera les contreparties financières et matérielles reçues par les autorités gabonaises, à la faveur de leurs concessions et de leur consentement au détriment de la santé et des vies des Gabonais.

Publiée par:

https://www.gabonreview.com/tribune-covid-19-au-gabon-le-plan-national-de-vaccination-ou-la-foire-aux-cobayes/

https://www.gabonmediatime.com/covid-19-au-gabon-le-plan-national-de-vaccination-ou-la-foire-aux-cobayes/

p-21.com/covid-19-au-gabon-le-plan-national-de-vaccination-ou-la-foire-aux-cobayes/

https://www.afrik.com/covid-19-le-gabon-un-fournisseur-d-echantillons-humains-cobayes

https://www.camerounweb.com/CameroonHomePage/africa/Covid-19-au-Gabon-le-Plan-national-de-vaccination-ou-la-foire-aux-cobayes-585193

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La Voix de l’Amérique sur la Révolution des Casseroles

Depuis le début de la crise de la COVID-19, le régime gabonais impose aux populations des mesures qui visent à confisquer les libertés fondamentales et à les précariser davantage. Elles ont décidé, depuis le 17 février 2021 de manifester leur mécontentement en frappant dans des casseroles tous les soirs de 20h00 à 20h05.
Fidèle à ses principes, la manifestation pacifique a été réprimée par les forces du régime et deux jeunes gens ont été abattus, un père de famille, Gildas ILOKO et un étudiant, Djinky Derrick EMANE M’VONO.
Au Gabon, la COVID-19 tue, le gouvernement aussi et c’est inacceptable.
Nous avons été interviewée par la Voix de l’Amérique sur cette actualité.

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Interview – La Voix de l’Amérique sur la Révolution des Casseroles

Depuis le début de la crise de la COVID-19, le régime gabonais impose aux populations des mesures qui visent à confisquer les libertés fondamentales et à les précariser davantage. Elles ont décidé, depuis le 17 février 2021 de manifester leur mécontentement en frappant dans des casseroles tous les soirs de 20h00 à 20h05.

Fidèle à ses principes, la manifestation pacifique a été réprimée par les forces du régime et deux jeunes gens ont été abattus, un père de famille, Gildas ILOKO et un étudiant, Djinky Derrick EMANE M’VONO.

Au Gabon, la COVID-19 tue, le gouvernement aussi et c’est inacceptable.

Nous avons été interviewée par la Voix de l’Amérique sur cette actualité.