DEBOUT PEUPLE LIBRE

Gabonaises, Gabonais, amis du Gabon,

Chers compatriotes,

 Après mes vœux adressés à tous à l’occasion de la nouvelle année, je reviens vers vous, pour évoquer différents sujets d’actualité et vous partager mes analyses sur la situation de notre pays.

 Il ne vous a pas échappé que :

  • Le Gabon a un nouveau gouvernement depuis le 9 janvier dernier, et on peut se demander ce qu’il a de nouveau si ce n’est le seul changement de nom du Premier Ministre ;
  • La XXXe Assemblée Plénière Ordinaire de la Conférence Episcopale du Gabon nous a réveillé et son message a été entendu ;
  • Le format et les modalités de la Concertation enfin acceptée par Ali Bongo Ondimba restent attendus ;
  • L’opposition gabonaise se parle même s’il y a des couacs qui, je l’espère seront vite oubliés ;
  • La société civile et la diaspora restent mobilisées ;
  • Au sujet du Gouvernement Billie-By-Nze:

Je note d’abord que c’est le 7e gouvernement mis en place par Ali Bongo en 14 ans de pouvoir. On a eu le Gouvernement Paul Biyoghe Mba, suivi de Raymond Ndong Sima, suivi lui-même de Daniel Ona Ondo, suivi à son tour du gouvernement Emmanuel Issoze Ngondet, puis vint le gouvernement Julien Nkoghe Bekale qui a été remplacé par Rose Christiane Ossouka Raponda à qui a succédé Alain-Claude Billie by Nze. (7 Premiers Ministres)  

 Je relève que la durée moyenne de ces gouvernements est de 21 à 24 mois selon la capacité de résistance dont ils sont capables de faire preuve dans les combats qu’ils livrent entre eux au sein du PDG. Autant dire qu’il ne faut pas s’étonner que tous ces gouvernements n’apportent pas de résultats concrets dans le quotidien des Gabonais. 

Ensuite, je note que presque tous les membres de l’ancienne équipe sauf 2 ont été conservés. Quand on sait que le 16 août dernier Ali Bongo, dans son message à la Nation a exprimé son insatisfaction sur l’absence de résultats de son gouvernement, on se demande pourquoi il a gardé tous ces ministres alors ? Quoi, seule Ossouka était le problème ? Mais si c’est le cas, pourquoi en avoir fait une vice-présidente ? Voilà les contradictions de la gouvernance Ali Bongo. Ce qui, à l’approche de la présidentielle de 2023, nous ramène à la question pertinente, mais qui gouverne vraiment le Gabon ?  

Je ne sais pas si vous avez tous suivi comme moi le discours de présentation de sa Politique Générale prononcé par le nouveau Premier Ministre le 24 janvier dernier.  

On a noté qu’il entend organiser les élections générales prévues en 2023, et qu’à cette occasion, il n’entend pas passer le relais à l’opposition comme le lui a pourtant suggéré l’honorable Député Séraphin Akuré-Davain, Président du groupe parlementaire des Démocrates. Le nouveau Premier Ministre affirme aussi qu’il veut lutter contre la corruption, et qu’il veut faire des routes, des salles de classe (entendez pas des écoles), et dit vouloir lutter contre la vie chère, etc.

Qu’y-a-t-il de nouveau dans ce discours ? ce sont les mêmes choses qu’on a entendus depuis 14 ans.

Avez-vous le sentiment, je ne vous demande pas si vous voyez des changements, je vous demande si vous avez le sentiment que les choses ont même un peu changé en 14 ans ? si oui quoi ????

  • Les routes? regardez autour de vous ! il n’y a pas un jour sans que des gens soient embourbés quelque part dans le Gabon, pas un jour sans que des canalisations débordent et que des inondations envahissent un quartier ! même à Akanda les inondations sont une triste réalité.
  • Les écoles ? ces gens considèrent qu’il ne faut pas construire de nouvelles écoles. Ils font juste des salles de classe. Mais regardez les conditions dans lesquelles apprennent les élèves et celles dans lesquelles travaillent les enseignants ?
  • La vie chère ? regardez le prix du litre d’essence ou de gasoil, et même de pétrole. Regardez le prix des produits de premières nécessités (le pain, le lait, la boîte de sardine, la bouteille de gaz, le kilo de poisson, le kilo de viande, la bouteille d’huile, le morceau de savon…) vous avez l’impression que ces prix baissent ou stagnent ? Non, ils augmentent…alors quand verrez-vous les effets de cette lutte affichée contre l’inflation ?
  • Ils disent lutte contre la corruption ? A part les gens qu’ils ont envoyé en prison dans le cadre de leurs luttes internes pour le pouvoir, vous avez vu ou entendu parler des milliards ramenés dans le cadre de la lutte contre leur propre corruption ? Mais qui peut croire que ceux qui volent le pays peuvent lutter contre leur propre corruption ?

Bref, moi je n’y crois pas. Et ce ne sont pas les citations bibliques de ce gouvernement qui vont me convaincre. Elles ne sont que l’expression d’un cynisme sans limites. Ce gouvernement est voué à l’inefficacité et à l’échec. Je parlerai pour ma part de « Gouvernement de l’inefficacité et de la déconnexion ». 

Ils disent en effet des choses qu’ils ne feront pas et qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas faire. Ils sont juste contents d’avoir sauvé leur fauteuil pour certains et pour d’autres, d’avoir accédé au graal qu’est la Primature ! 

  • Concernant la XXXe Assemblée Plénière Ordinaire de la Conférence Episcopale du Gabon :

Je dois dire que nous sommes fiers de la position claire, éclairée, ferme et porteuse d’espoirs de l’Eglise du Gabon. Elle a travaillé sur des thèmes qui nous préoccupent et qui nous parlent :

  • Le climat politique au Gabon ;
  • Les revendications sociales actuelles ;
  • Le processus électoral, la justice, le vivre ensemble et le bien commun ;
  • La paix et la fraternité sociale comme conséquence de la vérité et la Justice, et sur biens d’autres thèmes tous aussi riches.

Je salue le travail de l’Eglise du Gabon et je l’appelle à ne plus changer de ligne et même, à accentuer son discours et ses démarches pour aider le peuple gabonais à se libérer.

Elle devra rester ferme sur cette ligne qui réveille le pays et nous redonne espoir.

Il faut que les gens parlent y compris les confessions religieuses. Je retiens de leurs propos :

  • L’Appel à la transparence que nous appelons tous de nos vœux ;
  • L’Appel à la bonne gouvernance et au respect des Droits de l’Homme dans notre pays ;
  • L’Appel à aller s’inscrire sur les listes électorales ;
  • L’Appel au respect du résultat des urnes pour garantir la paix sociale.

Debout Peuple Libre (DPL) appelle tous les Gabonais en âge de voter à se mobiliser et à aller s’inscrire sur les listes électorales en France et dans la diaspora, pour que le changement s’impose de façon massive et incontestable dans les urnes. Un changement qui fera que le pouvoir sera obligé de constater son échec. Je rappelle qu’en 2016, l’échec du pouvoir a été clairement constaté à Paris (la 10e province, mais aussi dans 6 autres provinces du pays sur 9) donc quand les urnes donnent un résultat incontestable, le pouvoir est noyé et ne peut pas tricher. Il faut avoir ça à l’esprit.  

  • En ce qui concerne la Concertation enfin acceptée par le pouvoir:

Je rappelle que depuis 2016, les Gabonais épris de paix ont proposé un vrai dialogue que le pouvoir a toujours refusé. Aujourd’hui il parle de « Concertation », c’est la même chose. Nous pensons qu’il s’agit là d’une opportunité pour tous ceux qui veulent agir pour changer le cours des choses et faire de 2023 l’année du changement réel.

Mais nous nous étonnons du silence du Gouvernement sur la préparation de ce grand moment d’échange. Qui pourra y prendre part ? Quel en sera le format ? Quel rôle pour la société civile et la diaspora ? Quelle place pour les confessions religieuses ? Les amis et partenaires du Gabon y sont-ils invités ? Qui pour diriger les travaux ? Avec quel mandat ? Quelle sécurité et quelle liberté d’aller et venir pour les Gabonais de l’extérieur ? Quel calendrier ? Voilà entre autres, les nombreuses questions auxquelles il est surprenant que ceux qui parlent de concertation ne répondent pas !  

  • L’opposition Gabonaise :

Il n’a échappé à personne que certaines candidatures sont déjà en lice. Certains au sortir de 2016, ont eu des attitudes que nous n’avons pas oubliées au nom disaient-ils de leur « patriotisme ». Aujourd’hui, ils sont de retour dans les cénacles et autres réunions de l’opposition.

Laquelle opposition a recommencé à se réunir, à se parler sous différents formats, mais elle se parle et c’est ce que nous choisissons de retenir. Car c’est ce que nous voulons. Que l’opposition se parle et trace sa ligne.

Aujourd’hui, je crois que nous devons afficher plus de cohérence et d’unité. Le peuple a besoin d’une opposition qui se parle, qui se fixe un objectif premier et commun et élabore une stratégie commune pour l’atteindre.

Dans ce contexte j’appelle toute l’opposition à réfléchir et à travailler à un programme commun en vue de sauver le Gabon de ses fossoyeurs, et à avoir une candidature unique dès le 1er tour. 

La question de l’homme ou de la femme qui incarnera ce programme commun se règlera plus tard. Aujourd’hui, il faut avoir un objectif commun, une stratégie commune et parler le même langage. Il n’y a d’armée victorieuse, que d’armée disciplinée. Une opposition divisée est vouée à l’échec.

Ceux qui pensent qu’on peut aller en grand nombre au 1er tour pour se retrouver au second tour se trompent. Dans aucun pays d’Afrique centrale, un président en place n’est allé au 2nd tour. Et si 2016 ne leur sert pas de leçon, alors je les invite encore à réfléchir ! 

  • Sur la Diaspora et la Concertation:

J’entends dire que les gabonais dits de la diaspora n’ont pas besoin de participer à la « concertation » annoncée. J’ai beau écouté, je n’ai pas entendu de « vrais arguments » pour justifier leur position. Tantôt, ils disent que les associations en question sont enregistrées hors du Gabon, tantôt ils disent que ceux qui les dirigent ne sont pas sur place…et alors ? les Gabonais qu’ils soient au pays ou à l’extérieur s’intéressent à la vie politique et sociale de chez eux et personne de raisonnable ne peut tenir de telles arguties fantaisistes.

 Bien sûr que le pouvoir va essayer de noyauter des associations, ou des mouvements politiques, mais c’était également le cas lors de la Conférence Nationale de 1990 et des différents dialogues qui ont suivi. Mais chacun sait qui porte quel discours et qui défend quelle ligne !

La vérité c’est que si on veut que cette Concertation soit inclusive, il faut permettre à tout le monde d’y prendre part, sans entraves et de façon constructive.

 En conclusion :

La situation politique de notre pays est connue, et les évêques l’ont soulignée. 2023 est un moment décisif où il ne faudra pas se tromper d’objectif, ni d’adversaire. Notre adversaire qui nous ruine et nous entraîne dans l’abîme, nous le connaissons tous. C’est le régime Bongo/PDG. C’est lui que nous combattons et c’est lui qui, n’en déplaise au nouveau PM doit libérer la place et nous permettre de faire enfin ce qu’ils ont échoué.

Je vous remercie et je suis à l’écoute pour quelques questions.